Extraits de l’article de Charlie Perreau publié dans les Echos le 28 /07/2021 :
« 18 mois. C’est en moyenne la récurrence à laquelle une start-up lève des fonds. Chez Bubble, on est bien au-dessus de cette moyenne. Cette jeune pousse américaine, qui permet de créer des applications sans avoir besoin de coder, a seulement réalisé deux tours de table depuis sa création en 2012. Le premier a eu lieu en 2019 pour un montant de 6,25 millions de dollars . Et le deuxième vient d’être bouclé à hauteur de 100 millions de dollars auprès notamment d’Insight Partners .
« Nous n’avons pas levé d’argent pendant nos sept premières années d’existence car nous pensons que lever de l’argent trop tôt force à avoir une forte croissance dans un délai de deux ans », explique Emmanuel Straschnov, cofondateur de Bubble, qui ne s’est d’ailleurs pas versé de salaire pendant cinq ans. Face à l’afflux massif d’argent dans le monde du capital-risque, Bubble aurait eu tort de s’en priver. Surtout, la jeune pousse a fait partie des heureux gagnants de la crise, avec un revenu multiplié par trois depuis 12 mois. « Les entreprises ont cherché à se réinventer avec le Covid. Et elles devaient le faire pour pas trop cher », raconte le dirigeant français.
Pour utiliser Bubble, il faut s’acquitter d’un abonnement mensuel qui commence à 29 dollars. Bien moins coûteux que le salaire d’un développeur ou la prestation d’un cabinet externe. En plus d’être peu chère, cette plateforme de « no code » est aussi rapide à prendre en main : entre 5 et 20 heures, selon Emmanuel Straschnov. « Après trois semaines d’utilisation, une personne aura les mêmes pouvoirs qu’un développeur web », résume le patron qui déplore l’embauche massive de développeurs au sein des grosses start-up comme Uber ou Airbnb. Des postes, qui sont souvent difficiles à recruter à cause du manque de talents. Bubble ne cherche pas non plus à supprimer le métier de développeur tant recherché par les start-up. Elle estime qu’environ 90 % du code d’une application n’a pas besoin d’être écrit « Il restera toujours 10 % du code sur lequel les ingénieurs se focaliseront. Mais ce sera pour créer des produits innovants », estime le co-CEO.
Au total, 11.000 entreprises à travers le monde ont recours à Bubble, principalement des start-up. « Un de nos utilisateurs a cloné Twitter en quelques jours », illustre le Frenchy. Environ, 70 % des applications développées via la plateforme sont des créations d’entreprises. Mais depuis quelque temps, de grandes entreprises sont en discussions avec Bubble. Les 100 millions de dollars lui permettront donc d’être mieux armé pour répondre aux grands comptes mais surtout d’investir dans l’ingénierie. Aujourd’hui, la start-up new yorkaise ne compte que 15 ingénieurs dans ses rangs. Objectif : passer à 35-40 d’ici la fin de l’année pour un effectif total de 70. Fin 2022, la jeune pousse aura 150 salariés. « J’aimerais aussi avoir rapidement entre 7 et 10 personnes à Paris », précise Emmanuel, qui sera de passage dans son pays d’origine à l’automne.
Bubble veut aussi éduquer davantage les jeunes générations sur le « no code ». Elle organise déjà des formations et a signé des partenariats avec des universités. « Pour nous, l’étudiant est une cible idéale qui veut apprendre des compétences qui lui serviront forcément plus tard », observe Emmanuel Straschnov, qui ajoute être en test avec l’Essec. »