Que l’on soit un particulier, une entreprise, une compagnie d’assurance, un fonds de pension ou un fonds d’investissement, il est désormais impossible de faire l’impasse sur les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). La crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a, par ailleurs, accéléré les choses. Les épargnants recherchent plus que jamais à donner du sens à leurs placements. Ils souhaitent que leur argent investi ait un impact vertueux sur la société et la planète.
Les critères ESG représentent désormais les fondements de l’analyse extra-financière, pour mesurer la viabilité de la stratégie d’une entreprise et son impact éthique et environnemental.
Certaines sociétés se positionnent déjà comme précurseurs dans de nombreux domaines, dont l’agriculture et l’alimentation. Elles s’affichent en tête des classements internationaux des entreprises à impact positif. C’est le cas de l’entreprise américaine 80 Acres Farms, qui déploie un système de fermes verticales à la fois performant et respectueux de l’environnement. Toujours aux États-Unis, Afresh a développé une intelligence artificielle conçue pour gérer les prévisions, les inventaires et les commandes des magasins de produits frais afin de réduire au maximum le gaspillage alimentaire. Une volonté qu’affiche également la licorne franco-allemande Choco, qui a construit son modèle sur une meilleure gestion des commandes entre les restaurants et leurs fournisseurs.
Direction les États-Unis où l’entreprise 80 Acres Farms a développé un système de fermes verticales qui consomment 97% moins d’eau que les structures agricoles traditionnelles, tout en étant alimentées par des énergies renouvelables.
Ses fermes, qui n’ont pas besoin de sol ou de conditions météorologiques favorables, s’appuient sur des robots et des analyses innovantes pour offrir aux consommateurs une grande variété d’aliments sans pesticides, avec une durée de conservation allongée, et qui dépassent les normes les plus élevées en matière de sécurité alimentaire.
Les installations de 80 Acres Farms permettent de faire pousser 300 fois plus de nourriture par mètre carré qu’une ferme traditionnelle. Grâce à son système de production locale, et donc proche des consommateurs, l’entreprise minimise également les émissions de CO2 liées au transport. L’utilisation de l’eau et de la terre sont optimisées, réduisant par ailleurs les gaspillages agricoles.
« Il y a encore 10 ans, ce projet relevait de la science-fiction. Demain, les fermes verticales seront tellement omniprésentes que l’on se demandera comment on a fait pour vivre sans », se réjouit Mike Zelkind, le co-fondateur et CEO de 80 Acres Farms.
Basée dans l’Ohio, 80 Acres Farms approvisionne maintenant plus de 600 magasins de vente au détail et de services alimentaires à travers le pays. Présente dans le Millésime Altaroc Odyssey 2021, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires avoisinant les 9 millions d’euros en 2022, en augmentation de 23% sur un an. La croissance de ses revenus est estimée à près de 250 % en 2023.
L’entreprise a remporté les Prix « Best Crop Innovation » et « Best Water Saving Initiative » aux Vertical Farming World Awards. Elle a également annoncé récemment un partenariat pour intégrer la technologie de Siemens dans ses fermes verticales. Les étapes d’ensemencement, de culture et de récolte seront automatisées grâce à une combinaison de capteurs de robotique et d’intelligence artificielle.
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Toujours aux États-Unis, l’entreprise Afresh, présente dans le Millésime Altaroc Odyssey 2021, a développé une intelligence artificielle conçue pour gérer les prévisions, les inventaires et les commandes des magasins de produits frais afin de réduire au maximum le gaspillage alimentaire et permettre l’accès des populations à des aliments frais de qualité.
Il faut savoir que le gaspillage alimentaire est un véritable problème à l’échelle mondiale : les aliments non consommés représentent 4 milliards de tonnes d’émissions de CO2 et près de 20% de la consommation mondiale d’eau. 40 milliards de dollars d’aliments sont jetés par les épiceries chaque année aux États-Unis.
La technologie de prévision développée par Afresh permet donc aux magasins alimentaires de réduire leurs déchets et de mieux gérer leurs stocks, avec pour résultat direct une augmentation moyenne des bénéfices de plus de 100 000 dollars par an et par magasin équipé.
« La nourriture, plus que toute autre chose, façonne la santé des individus et de notre planète. Nous avons fondé Afresh dans le but d’éliminer le gaspillage alimentaire et de rendre les aliments nutritifs plus accessibles » explique Matt Schwartz, le co-fondateur et président-directeur général de l’entreprise.
Concrètement, les employés des magasins équipés de la solution Afresh précisent sur iPad le nombre d’aliments restants en stocks (pommes, tomates, …) et le logiciel effectue des suggestions automatisées pour connaître la nouvelle quantité à commander.
Afresh a multiplié par 3 le nombre de ses clients en 2021, signant avec des chaînes régionales comme CUB, et nationales comme Albertsons. Elle équipe désormais 3 300 magasins dans 40 États américains. En moyenne, les magasins équipés des solutions Afresh réduisent leurs déchets alimentaires de 25% et voient leur chiffre d’affaires croître de 2 à 4%, avec une marge d’exploitation en hausse de 40%.
« Nous disons aux directeurs financiers : vous allez battre vos chiffres » annonce M. Schwartz.
La licorne franco-allemande Choco, présente dans le Millésime Altaroc Odyssey 2021, s’est également donnée pour mission de lutter contre le gaspillage alimentaire. Elle simplifie la gestion des commandes des restaurants et travaille actuellement avec 15 000 chefs et 10 000 fournisseurs pour gérer plus de 100 000 commandes par mois.
Choco a été fondée en 2018 par un Français, Grégoire Ambroselli, et deux Allemands, Daniel Khachab et Julian Hammer en partant d’un constat simple : en passant leurs commandes à leurs fournisseurs par téléphone, mail ou SMS, les restaurateurs s’appuient sur des chaînes d’approvisionnement susceptibles d’entraîner des pertes d’information. Résultat ? Les restaurateurs perdent en moyenne 28% de produits alimentaires. Les 3 co-fondateurs ont donc eu l’idée de créer une plateforme commune aux restaurateurs et aux fournisseurs. Le restaurateur a accès en un coup d’œil à toutes ses commandes et peut facilement suivre et gérer ses stocks.
Le marché de l’industrie alimentaire représente 90 milliards d’euros en France et reste encore peu digitalisé. Les marges de croissance sont donc énormes pour des acteurs comme Choco et c’est l’industrie de la restauration tout entière qui deviendra plus compétitive grâce à l’adoption d’outils numériques.
« Depuis 2 ans, la digitalisation se développe à grande vitesse du côté des grossistes. Le marché exige des moyens sans cesse plus rapides et plus efficaces dans le traitement des commandes. Chez Choco nous intervenons au cœur de la chaîne agroalimentaire et nous offrons une transparence et une efficacité incomparable grâce aux fonctionnalités offertes par la plateforme », explique Grégoire Ambroselli.
L’application Choco jouit d’excellents retours d’engagement des utilisateurs et se place comme un acteur incontournable pour repenser la chaîne d’approvisionnement alimentaire, à l’heure où les défis ESG sont de plus en plus importants.
L’application Choco est gratuite mais l’entreprise a développé un service payant pour intégrer directement les commandes des fournisseurs dans leur ERP, et ainsi leur éviter de saisir à chaque fois leurs commandes manuellement.
L’entreprise a dépassé les 1,1 milliard de dollars de valorisation en mars 2022, obtenant officiellement le statut de licorne.