Le plus grand risque en Private Equity
Résumé
Transcription écrite
Louis Flamand: Le plus gros risque est clairement le risque équipe. Le pire millésime de l'histoire en LBO est, selon la base de données Private Equity, que l'on consulte le millésime 2005 ou le 2006, car ces fonds ont été typiquement investis avant la grande crise financière qui a suivi la faillite de Lehman Brothers. Bref, la totalité du portefeuille de ces fonds a été investi 1.à des valorisations élevées, 2. Avec beaucoup de levier financier et 3. Souvent dans des secteurs cycliques, et la totalité de leur portefeuille a ensuite subi la crise de plein fouet. Il faut néanmoins noter que la performance de ce millésime se situe dans les 8 % de TRI net. Donc aucun millésime n'a généré de retours médians négatifs ou même inférieurs à 8 % nets. Mais cela ne veut évidemment pas dire qu'on ne peut pas perdre d'argent en investissant dans un fonds de Private Equity, car le chiffre que je viens de donner n'est qu'une médiane. La raison la plus fréquente qui peut entraîner un retour négatif, c'est un grave problème d'équipe. Lorsque j'ai débuté en fonds de fonds en 2007, les performances des petits fonds du Lower Middle Market en Europe du Sud étaient excellentes. On venait de vivre un cycle économique porteur avec en plus beaucoup de transfert de capital du nord vers le sud de l'Europe après la création de l'euro. Beaucoup d'investisseurs se battaient pour avoir une allocation dans les meilleurs fonds LBO lors Middle, Market italiens ou espagnols. Lorsque la crise financière a frappé, suivi en plus de la crise de la dette souveraine en Europe, les portefeuilles existants de certains de ces fonds ont été durement impactés.
Louis Flamand: Ce genre de difficultés crée automatiquement des tensions au sein des équipes de ces gérants et dans certains cas, ces tensions entraînent le départ d'hommes clés. Si vous êtes une équipe indépendante d'une dizaine de professionnels d'investissement seulement, gérant un petit fonds et qu'un ou deux partenaires clés s'en vont, ça peut vraiment faire littéralement exploser l'équipe. Ce qui est réellement arrivé dans un certain nombre de fonds durant la crise. Et dans ce cas-là, le risque de perte en capital devient très important. C'est pour ça que notre stratégie chez Altaroc vise à minimiser ce risque au maximum. Comme je l'ai déjà expliqué, nous ne ciblons que des fonds de plus de 1 milliard de taille, gérés par des organisations solides, institutionnalisées, avec de grosses équipes 50 professionnels minimum qui doivent survivre au départ d'un ou deux hommes clés. Cela ne nous empêche pas pour autant de couvrir le bas du Mid Market qui est souvent couvert par des petits fonds gérés par de plus petites équipes. Nous le couvrons notamment via des fonds Lower Middle Market qui font partie de grosses plateformes de Private Equity. Par exemple Altaroc Odyssey 2022 est investisseur dans les fonds LBO, HG Saturn 3 et HG Genesis 10 du gérant HG Capital et Altalife est investisseur dans le plus petit fonds de HG Mercury 4. Ce fonds Lower Middle Market a un risque qui est bien moindre en faisant partie de la plateforme HG que s'il était totalement indépendant.
Louis Flamand: En effet, si un ou deux partenaires clés venaient à quitter ce fonds, le gérant pourrait transférer des ressources de ces plus gros fonds vers ce plus petit fonds et ainsi résoudre le problème d'équipe. Ces fonds ont donc un profil de risque bien moindre qu'un fonds équivalent totalement indépendant et offre de plus un meilleur profil de retour, car l'équipe bénéficie des processus établis, de l'expertise sectorielle et opérationnelle de la grosse plateforme private Equity dont il fait partie. Notre diligence vise aussi évidemment à minimiser ce risque équipe en rencontrant tous les membres senior de l'équipe 2, en validant la cohésion et la bonne entente entre les membres de l'équipe 3, en nous assurant d'une vision partagée sur la stratégie de la firme et que le carried interest et l'actionnariat de la société de gestion sont partagés de façon équitable et transparente entre ceux qui génèrent le plus de valeur dans la firme et enfin en nous assurant qu'on comprend parfaitement les raisons des départs éventuels des bons performers, qu'on comprend parfaitement la stratégie de recrutement de la firme et la stratégie d'intégration de la firme en mesurant le niveau de satisfaction au travail des membres clés de la firme, en validant la réputation de chacun des membres clés de la firme, en nous assurant que les plus jeunes générations sont heureuses, avec de vraies perspectives et enfin en nous assurant que les hommes clés de la firme investissent des montants significatifs à nos côtés.