Les gérants champions de demain
Résumé
Transcription écrite
Eliott Vincent: Oui, bien sûr, ça ne peut pas représenter l'intégralité du patrimoine financier d'un investisseur. Alors tu parlais justement de performance à l'instant. Quelle est la vision finalement qu'on a aujourd'hui sur la capacité des fonds de Private Equity à répliquer demain leurs performances historiques alors que le contexte de marché est très différent de celui qu'on a observé sur la dernière décennie ?
Dimitri Bernard: Alors ta question n'est pas si simple, car il est vrai que le Private Equity a profité de plusieurs facteurs économiques et financiers favorables sur cette dernière décennie, avec des taux d'intérêt qui étaient historiquement bas, donc ce qui est bon pour l'effet de levier que tu as dans la majorité des opérations de LBO. Il y a eu une liquidité abondante qui a alimenté le marché, donc qui a alimenté aussi la croissance des valorisations entre les cycles d'achat et de vente. Mais la réalité, c'est que ces éléments ont tout autant profité aux sociétés cotées. Et pour autant, si on regarde le Private Equity sur 10 ans, 15 ans, 20 ans et ce qu'a fait la Bourse, donc si on prend un indice de référence, qui est le MSCI World à dividendes réinvestis sur dix ans, quinze ans, vingt ans, il y a eu une performance de 7 à 8 % en net. Alors que le Private Equity, donc Buy-Out et Growth Equity, les segments qu'on propose chez Altaroc, la médiane, on parle en général de médiane en Private Equity, plus que de moyenne, a livré presque le double donc soit 13 à 14 % sur dix ans, quainze ans, vingt ans. Donc on parle de TRI net. Et la Bourse a effectivement un avantage, c'est qu'elle est liquide, et le Private Equity, on vient de l'évoquer, l'est un peu moins.
Eliott Vincent: Alors est-ce que justement cet écart de performance relative que tu viens d'évoquer peut perdurer?
Dimitri Bernard: Alors notre conviction, c'est qu'en termes de performance relative, toujours entre le Private Equity et le marché action, cet écart peut perdurer simplement car il y a des apports opérationnels qui vont perdurer. Il y a plusieurs apports des fonds de Private Equity. On parlait de la sélection rigoureuse des sociétés, donc avec des sociétés qui ont une croissance de chiffre d'affaires et qui ont des marges, on va dire plus élevées que leurs comparables. Tu as une implication très active de la part du fonds de Private Equity dans les sociétés. Tu as un apport de compétences très fort au conseil d'administration. Un autre élément important : l'alignement d'intérêts. Le fonds et les dirigeants vont investir des sommes conséquentes dans l'opération. Donc ça, ça n'existe pas en Bourse, ce serait même interdit. Et tu as ce mécanisme de consolidation. Donc les opérations de M&A qui vont permettre aux sociétés accompagnées par des fonds de Private Equity de passer d'un champion régional à un champion national, et si le marché le permet, peut-être un champion mondial. Et enfin, dernière étape, cette préparation très active à la vente pour optimiser la sortie. Donc aller chercher le bon profil de repreneur.
Eliott Vincent: Alors là, on vient d'évoquer justement l'écart de performance relatif. Maintenant, ce que je comprends aussi, c'est que, en performance absolue, les performances du Capital Investissement peuvent baisser à l'avenir.
Dimitri Bernard: Alors effectivement, il est possible que les retours baissent justement puisque nous n'avons plus ces caractéristiques que nous avions ces dernières années. Il est possible donc qu'on perde quelques points de performance, mais avec une performance qui, selon nous, devrait rester attractive pour toutes ces raisons. Mais dans ce contexte un peu moins favorable, il est à notre avis fondamental de se concentrer sur des fonds qui ont la capacité à transformer opérationnellement les sociétés acquises. Et pour nous, les gagnants de demain, les champions de demain sont les fonds spécialisés. C'est-à-dire que ce sont des fonds qui sont spécialisés sur un nombre limité de verticales, de secteurs et qu'ils connaissent parfaitement. Ils ont développé un savoir-faire, ils ont développé des recettes opérationnelles et ils savent surtout les répéter d'une société à l'autre. Ce sont les fonds qu'on recherche, car l'intérêt de ces fonds, et ça fait partie de nos analyses, c'est que la part significative de leurs performances historiques est liée à la transformation opérationnelle des sociétés plutôt qu'à l'effet de levier ou à la croissance des valorisations. Ce sont ces fonds qui, selon nous, ont la capacité de générer des performances encore attractives demain.
Eliott Vincent: Et ces performances encore attractives, alors c'est vrai que c'est un sujet qui nous est souvent remonté, forcément, ça fait partie, on va dire, des choses qui sont évidemment regardées. C'est bien normal. Ces performances absolues et relatives peuvent être répliquées malgré un sujet sur les frais qui sont réputés comme étant importants sur cette classe d'actifs du Private Equity.