La liquidité en Private Equity
Résumé
Transcription écrite
Eliott Vincent: Alors ça a effectivement des aspects, on va dire, bénéfiques pour la partie investissement, mais ça impacte forcément la liquidité de l'investissement de l'investisseur finalement.
Dimitri Bernard: Effectivement, en pratique, s'il n'y a pas de cession dans le portefeuille, il n'y a pas de liquidité pour l'investisseur. Mais la réalité, c'est que dans un portefeuille diversifié, tu peux avoir des cessions dès la troisième ou quatrième année, simplement parce que certaines sociétés ont pu atteindre les objectifs fixés par le business plan un peu plus tôt. Donc elles sont prêtes, elles sont mûres, prêtes à être revendues ou d'autres qui ont simplement été approchées de manière plus rapide, plus opportuniste, on va dire, à des prix qui dépassaient les attentes. L'investisseur, au fil des cessions, récupère son capital. C'est la phase qu'on appelle de distribution. Et tout comme pour les investissements, l'investisseur n'a pas la main sur les distributions, donc sur les cessions. Il laisse le gérant choisir la meilleure fenêtre, le meilleur moment pour céder le portefeuille. Et c'est encore une fois une très bonne chose parce que, si on fait encore une fois l'analogie au marchés cotés, c'est vrai qu'on peut de temps en temps voir des comportements humains qui sont normaux, de vouloir vendre très vite dans la panique, donc à des moments qui sont défavorables. Donc on laisse les clés au gérant de choisir cette fenêtre de sortie. En général, on va dire qu'un bon fonds de Private Equity va investir sur 4, 5 ans, va désinvestir au fur et à mesure et que 2 ans après ton dernier appel de fonds, tu auras déjà récupéré l'intégralité de ton capital et au bout de 10 ans, tu auras récupéré ton capital, plus ta plus-value.
Eliott Vincent: Ok. Si je résume là les trois points que tu viens d'évoquer, qui sont quand même cœur dans notre métier et sur cette classe d'actifs. Donc je résume, c'est le temps de déploiement qui est long, c'est la durée de vie des fonds, c'est l'impact sur la liquidité de l'investisseur. Qu'est-ce qu'on peut attendre ? Enfin en tout cas, comment ces éléments influent sur la performance historique et la performance attendue des fonds de Private Equity à l'avenir ?
Dimitri Bernard: Effectivement, ces trois éléments que tu viens de citer sont incontournables en Private Equity. Ils sont indissociables. C'est-à-dire qu'un investisseur qui chercherait à faire une performance de 13 à 14 % de rendement annuel net à horizon 2 ans avec une liquidité complète, ce n'est pas possible. En tout cas pas en Private Equity ou alors il faudrait complètement changer le paramètre de risque. Donc il faut accepter cette caractéristique, ce temps long. Et réserver cet investissement pour les horizons longs, donc on parle parfois d'une poche longue du portefeuille, car il faut du temps pour profiter de la performance.
Eliott Vincent: Oui, bien sûr, ça ne peut pas représenter l'intégralité du patrimoine financier d'un investisseur. Alors tu parlais justement de performance à l'instant. Quelle est la vision finalement qu'on a aujourd'hui sur la capacité des fonds de Private Equity à répliquer demain leurs performances historiques alors que le contexte de marché est très différent de celui qu'on a observé sur la dernière décennie ?