Interviews d'entrepreneurs
Résumé
Transcription écrite
Jean-Mathieu Biseau: Avec les années, on est effectivement devenu un leader des services et des garanties automobiles dans la mobilité automobile, avec deux grandes catégories l'assistance. Donc c'est assez simple, quand ça vous est peut-être arrivé, quand vous tombez en panne ou que vous avez un problème sur le bord de la route, vous appelez le petit numéro qui est sur le pare-brise, qui était sur le pare-brise parce que maintenant il n'y est plus et vous tombez sur un plateau téléphonique et on vous envoie un dépanneur. On vous met dans un hôtel si vous êtes loin de chez vous, on vous donne une voiture de location, si vous avez besoin. Enfin, l'ensemble des services qui vous permettent de continuer de votre voyage. Donc ça c'est l'assistance. C'est un métier avec des plateaux téléphoniques 24h/24, 7/7. Un métier de l'urgence, un métier de la relation client, de l'empathie. Trouver des solutions dans le cadre d'un contrat, bien sûr, mais essentiellement trouver des solutions pour que le client puisse continuer son voyage. Et puis une deuxième catégorie, c'est effectivement la garantie Panne Mécanique qui est une activité un peu complémentaire, mais quand même différente. Il s'agit là pour le coup de prendre en charge les réparations d'un véhicule qui est tombé en panne. Donc c'est une activité plus proche de l'assurance "traditionnelle", bien qu'elle soit différente de l'assurance classique qui, elle, prend en charge les réparations en cas d'accident. Alors nous, on ne s'occupe pas d'accident, on s'occupe que de pannes et donc des véhicules qui de façon fortuite tombent en panne et on prend en charge donc la réparation.Et donc on travaille avec des distributeurs, des constructeurs.
Jean-Mathieu Biseau: Alors effectivement, cela fait maintenant 23 ans que je suis président de cette entreprise qui en 2001 était complètement différente puisque c'était une petite filiale d'un groupe anglais qui s'appelait et qui s'appelle toujours le RAC, Royal Automobile Club, qui est une entreprise spécialisée effectivement dans les services et l'assistance automobile. Il y avait 50 personnes, on faisait 10 millions de chiffre d'affaires, on avait un ou deux clients. C'était un peu une volonté personnelle et familiale de bouger puisque j'étais à Paris. Je travaillais dans des sociétés de crédit automobile, donc dans un secteur finalement pas très éloigné des services automobiles, des services financiers automobiles. Et tout de suite, j'ai compris qu'il y avait moyen de faire quelque chose, de la développer, qu'il y avait un gros potentiel. Et c'est ce que c'est ce que j'ai commencé à faire en construisant une équipe, avec une équipe que j'ai recrutée à ce moment là et qui, pour la plupart, est toujours là 20 ans après. Et donc, sur la date importante, c'est qu'on a fait un spin-off, en 2010, mais on a commencé à y travailler presque pratiquement deux ans avant, à un moment où un de nos concurrents voulait nous racheter. On a proposé à nos actionnaires anglais de faire un truc plus malin, c'est à dire que ce soit nous qui puissions reprendre cette filiale, cette petite filiale à l'époque, pour pouvoir continuer de la développer. C'est ce qu'on a fait en allant chercher des fonds d'investissement. Aujourd'hui,on fait plus de 300 millions de chiffre d'affaires, on est plus de 1 000 et on est présent dans 5 pays européens.
Jean-Mathieu Biseau: En 2008, on a compris qu'il y avait des concurrents qui parlaient à nos actionnaires anglais et qui souhaitaient nous racheter. Donc on s'est dit qu'on avait peut-être plus intelligent à faire. Par contre, même si l'entreprise était beaucoup plus petite, elle valait quand même une certaine somme. Donc on s'est renseignés, on a été chercher un premier fonds qui nous a fait confiance et après ça s'est enchaîné, on en est à notre quatrième aujourd'hui. À chaque période son critère je dirais, puisque l'entreprise a quand même beaucoup grossi avec une stratégie, comme je le disais, assez constante et cohérente, mais avec des challenges sur les 4 à 5 ans à venir, toujours un peu différents. Bon, le premier, il est vraiment important parce qu'un spin-off, c'est quand même très délicat finalement. C'est sans doute le plus délicat. Donc il faut à la fois être sûr du fonds qui est avec nous et qui va bien nous suivre et puis à la fois, anticiper un peu la réaction de l'actionnaire qui a été très "fair" et très coopérative à ce moment-là. C'était une très bonne chose. Et donc un des critères constants sur tous ces choix de fonds, c'est quand même leur capacité à comprendre notre business modèle et nos contraintes.
Mike Capone: Qlik a été fondée en Suède il y a plus de 30 ans comme entreprise très innovante dans le domaine de l'analyse de données. Lorsque l'on évoque l'histoire de l'analyse, on pense probablement à l'époque des Business Objects, Cognos, des entreprises de ce type. Ces solutions étaient intéressantes, mais très lourdes sur le plan informatique, n'est-ce pas ? Il fallait des développeurs pour travailler dessus. Et ce n'était pas vraiment une source d'autonomie pour l'utilisateur final. Vous deviez vous contenter de ce qu'on vous donnait. Dans le sud de la Suède, à Lund, l'équipe a inventé un nouveau type de capacité d'analyse visuelle basée sur la technologie "in-memory". Cela a permis d'offrir des analyses très rapides, très puissantes, mais aussi très faciles à utiliser. Il s'agit donc de permettre aux utilisateurs finaux de tirer profit des données. Et cela a vraiment alimenté l'entreprise pendant de nombreuses années, jusqu'au milieu de l'année 2016. A ce moment-là, je sais que nous parlerons de notre retrait de la bourse plus tard, mais à ce moment-là, nous avons réalisé qu'il fallait aller plus loin. Nous avons donc fini par envisager d'élargir notre gamme de services pour nos clients. Et lorsque je parle à des PDG, à des responsables de la donnée et à des DSI, ils ne cessent de me dire : "Les analyses sont formidables, mais de plus en plus, mon défi est d'exploiter toutes ces données. J'ai tellement de données dans le Cloud, sur site, dans un ordinateur central et sur les réseaux sociaux...
Mike Capone: Aide-moi. Aide-moi à résoudre ce problème. Aide-moi à extraire, gouverner, transformer et déplacer ces données de plus en plus vers des capacités modernes de datalake dans le Cloud comme Snowflake ou Databricks, puis aide-moi à les analyser". Ce que Qlik fait vraiment, vraiment bien. Et puis, bien sûr, utiliser l'Intelligence Artificielle pour obtenir de très bonnes informations et de bons résultats. Nous avons d'ailleurs conclu hier notre 16e acquisition. Euh, oui. Oui, c'est vrai. 16ème. Une petite entreprise appelée Upsolver. Mais ce que nous avons vraiment fait, c'est construire une plateforme complète. Nous sommes passés d'une fonctionnalité à une plateforme complète d'analyse de données et d'IA.
J'ai travaillé dans le domaines du cloud computing pendant une trentaine d'années, en commençant par ADP, une grande entreprise mondiale de gestion de la paie et des ressources humaines. Mon dernier poste était donc celui de Directeur de la Technologie. Dans le cadre de cette responsabilité, mon travail consistait essentiellement à faire en sorte que 50 millions de personnes soient payées chaque jour de paie, chaque semaine ou chaque mois. Par la suite, j'ai rejoint une société appelée Medidata. J'ai donc intégré le secteur des sciences de la vie, en utilisant l'apport de la technologie pour des essais cliniques et le développement de médicaments. C'est là que j'ai commencé à m'intéresser aux données et à l'analyse, car nous utilisions des données pour résoudre des problèmes liés aux sciences de la vie, pour aider à mettre sur le marché des thérapies, de nouveaux médicaments, plus rapidement et de manière plus sûre.
Mike Capone: Ma dernière expérience, ces sept dernières années, s'est déroulée ici, chez Qlik, en collaboration avec Thoma Bravo, pour créer cette entreprise phénoménale de données et d'analyse.
Qlik avait clairement besoin de se transformer, et cette transformation consistait à passer d'une société de logiciels basée sur des licences perpétuelles,sur site, à une société plus moderne, basée sur l'informatique dans le Cloud, et évidemment à passer à un modèle d'abonnement à revenus plus récurrents. Il s'agit d'une transition normale pour les entreprises. Le problème, c'est que sur les marchés publics, c'est très difficile à faire. Parce que chaque trimestre, vous devez expliquer aux investisseurs pourquoi votre chiffre d'affaires a-t-il changé, qu'est-ce qui s'est passé ? Vous savez mais vous devez expliquer, vous devez expliquer les revenus et les concepts de la tarification...et puis les nouvelles normes comptables sont arrivées. Il y a donc beaucoup de complexités. C'en était une. Et puis, deuxièmement, je n'étais pas là quand c'est arrivé, mais je connais l'histoire car j'ai rejoint [Qlik] en 2018, c'était le bon partenariat. Thoma Bravo, société de Private Equity axée sur la technologie, ils avaient une vision très convaincante de ce qu'ils pouvaient aider Qlik à faire. La combinaison de ces deux éléments en a fait une idée très, très convaincante. Et les résultats parlent d'eux-mêmes.