Le temps long, un levier clé de performance en Private Equity
Résumé
Transcription écrite
Damien Hélène: Je suis désormais rejoint par Dimitri, Directeur des Investissements chez Altaroc. Bonjour Dimitri.
Dimitri Bernard: Bonjour Damien.
Damien Hélène: Et Eliott, Responsable des Grands Comptes et des Partenariats.
Eliott Vincent: Bonjour Damien.
Damien Hélène: Eliott, tu avais une première question à poser à Dimitri.
Eliott Vincent: Dimitri, j'aimerais qu'on profite de cette troisième partie pour refaire un point sur certaines spécificités de la classe d'actifs du Private Equity. On sait que c'est une typologie d'investissement qui est utilisée depuis des décennies par des investisseurs sophistiqués, donc principalement des institutionnels et des grandes familles. Et eux, maîtrisent finalement bien toutes ces caractéristiques et ils l'utilisent dans leurs allocations, notamment parce que c'est une classe d'actifs qui a un potentiel de performance important, une faible volatilité et surtout une capacité de résilience, notamment sur les segments du Growth Equity et du Buy-Out, segments qui nous intéressent chez Altaroc. Ces spécificités, par contre, elles sont finalement parfois méconnues par les investisseurs privés tout simplement parce que pour beaucoup, ils découvrent les spécificités de cette classe d'actifs. Ainsi, j'aimerais qu'on commence notre focus en se concentrant sur une des principales caractéristiques, qui est une caractéristique particulière, à savoir le rythme de déploiement des engagements. Est-ce que tu pourrais, s'il te plaît, nous expliquer pourquoi les fonds de Private Equity appliquent des appels de fonds différés et quelles sont les implications que cela engendre ?
Dimitri Bernard: Alors, effectivement, tu as raison. Une des caractéristiques principales des fonds de Private Equity, c'est le temps de déploiement et ce qui se reflète du coup chez l'investisseur en un temps d'appel de fonds où l'engagement est appelé progressivement donc des appels de fonds différés. Il faut savoir qu'il faut compter en général quatre à cinq ans si tu veux te construire un portefeuille diversifié de Private Equity. Déjà, pour une première raison, je rappelle qu'un gérant coté, qui va investir dans des actifs cotés, peut acheter ses actifs à tout moment. Le fonds de Private Equity ne peut pas acheter ce qu'il veut quand il veut. Le fonds de Private Equity doit d'abord identifier des cibles, donc des sociétés qui répondent à leurs critères, doit approcher les dirigeants, apprendre à les connaître, les convaincre de rentrer au capital, définir un prix, structurer toute une opération. Donc rien qu'un investissement en Private Equity, une opération, c'est déjà plusieurs mois. Donc c'est pour cette raison que, si tu veux te constituer un portefeuille diversifié en Private Equity, on dit généralement qu'il faut compter entre quatre et cinq ans. La réalité, c'est que c'est long mais c'est une bonne chose car le gérant va investir avec discipline dans un portefeuille de convictions. Il ne va pas tout investir trop vite sur un seul cycle. Et c'est cette patience qui explique aussi la performance historique du Private Equity puisque tu as un lissage naturel de tes investissements, donc tu as des points d'entrée différents sur plusieurs contextes macro-économiques, ce qui est un bon élément en matière de diversification et de gestion des risques. Il faut accepter ce temps, donc le temps de choisir et de préparer le portefeuille à sa performance.
Eliott Vincent: Alors, c'est très clair. Merci. Du coup, je rebondis parce que tu parles justement de temps long. Est-ce que tu peux nous rappeler pourquoi un fonds de Private Equity généralement a une durée de vie cible de dix ans ?
Dimitri Bernard: Alors, au sein de ce cycle de vie du fonds, qui est effectivement de dix ans, tu as trois temps. Le premier temps, c'est le temps de la préparation, c'est le temps de la sélection des investissements. Il faut compter entre quatre et cinq ans. On vient d'en parler. Le deuxième temps, c'est le temps des business plan. Le business plan, c'est la feuille de route qui est fixée entre le fonds de Private Equity et le dirigeant de l'entreprise, avec des objectifs qui sont fixés généralement à cinq ans. C'est une étape qui est cruciale parce que c'est vraiment ici qu'il va y avoir tout le travail de transformation de la société avec une gouvernance active de la part du fonds. Et le fonds va aider, sur une série de registres, la société : des recrutements clés, l'amélioration opérationnelle de la société, l'amélioration des processus, l'amélioration des marges, toute la phase de consolidation où tu peux avoir donc de M&A avec l'intégration d'une dizaine de sociétés qui vont être achetées pour renforcer. Ces étapes sont fondamentales avec une gouvernance qui est très active de la part du fonds. Ce temps est nécessaire pour également avoir les fruits de tes investissements. Les fruits de l'investissement, financiers et humains, qu'il y a eu entre le fonds et les dirigeants. Et tu vas évidemment généralement chercher à atteindre tes objectifs, avant de songer à une revente. Et le temps trois, c'est effectivement la revente de l'entreprise donc la phase de cession. Donc au final, un fonds qui investit sur cinq ans va faire son dernier investissement. Du coup, la 5ème année et va espérer revendre sa dernière participation cinq ans plus tard. Donc tu arrives en année 10. Et d'ailleurs, on parlait tout à l'heure de lissage de tes points d'entrée, tu as aussi un lissage mécanique de tes points de sortie. Donc ce qui est une très bonne chose encore une fois en termes de diversification et de gestion des risques. Donc cette caractéristique du temps long, ce cycle de dix ans est indispensable pour avoir toute cette discipline et réunir toutes les conditions pour la performance.
Eliott Vincent: Alors ça a effectivement des aspects, on va dire, bénéfiques pour la partie investissement, mais ça impacte forcément la liquidité de l'investissement de l'investisseur finalement.